Un ski en Maurienne l'autre en Tarentaise

Par Jean-Louis DIGON, le 25 janvier 2020

Article de Jean-Louis Bernezat - Voiron, le 8 Juin 2004 (article paru dans la revue Alpi-Rando en 2005) et le texte du mail qui l'accompagne en italique

Bonjour Jean-Louis.

En 2004, j’avais fait beaucoup de sorties entre la Maurienne et la Tarentaise en finissant par une très jolie traversée, très variée, dont je t’envoie le récit,  paru il me semble dans Alpi-Rando en 2005. Je n’ai pas retrouvé le numéro. 

Ne sachant pas ce que j’allais trouver comme difficultés et conditions de neige sur l’arête faitière, nous avions pris de quoi camper. Bien nous en avait pris. Par de très bonnes conditions et en allant très vite, il est bien sûr possible de faire en une journée cette traversée.

Ci-joint le récit de cette traversée quand même alpine qui demande d’avoir piolet, crampons et corde. Voir sur le document: Traversée “Grand Coin-Bellachat-Cheval Noir”-Saint-François-Longchamp. Je laisse aussi les autres randos que j’avais faites dans ce massif.

Nous avions trouvé la station de Saint-François-Longchamp fermée quand nous avions fait cette rando.

Bien amicalement.

Bernouze + Odette

Un Ski en Maurienne, l’autre en Tarentaise

Beaucoup de skieurs de rando ont certainement usé au moins une fois leurs peaux sur les arêtes ou les pentes du Grand Coin (2.730m), du Cheval Noir (2.832m) ou du Bellachat (2.824m). Quant à moi, seul le Grand Coin avait reçu par deux fois mes skis, hélas par neige croûteuse et pourrie.

Et je ne pense pas, en cette soirée de février, que les cartes étalées devant moi et que mes yeux parcourent sans s’y arrêter me conduiront, par défaut de trouver autre chose, dans un merveilleux petit massif dont les possibilités de randos vont occuper sorties sur sorties et me permettre une inhabituelle et exceptionnelle traversée.

Le Cheval Noir 

Il me faut  absolument trouver un projet pour samedi. Et vite, car mes compagnons attendent ma décision pour préparer leur sac. Pour dimanche, j’ai  le temps d’imaginer autre chose, la prochaine montée me portera bien conseil ! Les cartes défilent. Trop souvent ces derniers temps dans les massifs proches de Belledonne et des Grands Moulins.Trop souvent en Beaufortain. Trop lointaine et trop connue la Haute-Maurienne… Et pourquoi pas le Cheval Noir, au-dessus de Saint-Jean de Belleville ? Sommet classique que ce Cheval Noir, mais pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ?

Février se termine sur une route déneigée jusqu’à la deuxième épingle à cheveux (1.400m), au dessus du village du Villard. C’est là que nous abandonnons les voitures La neige n’étant pas abondante et les avalanches déjà tombées, nous avons choisi de monter par la rive gauche du Nant Brun, de préférence à sa rive droite (au départ de La Flachère, 1.370m). Avant les Deux-Nants, la route traverse deux petites avalanches. De ce hameau, part (NO) une vallée conduisant au col du Mottet (2.374m), col pouvant s’atteindre par les remontées mécaniques de la station de Valmorel. A La Saulce (1.600m), autre hameau inhabité en hiver (1h/1h15 depuis les voitures), on abandonne la vallée principale pour prendre à l’ouest la vallée de la Platière. Une route d’alpage facilite la progression. Vers 1.900m, on la quitte pour remonter au mieux, vers le nord, le vallon du Cheval Noir. L’itinéraire est évident et tracé sur la carte IGN au 25 000e. Les 150 derniers mètres conduisant au sommet sont raides et demandent une neige bien stabilisée. Se méfier également, dans la vallée de la Platière, des pentes dominant la route au-delà de Plan Lombardie.

La descente s’effectue par le même itinéraire.

H.4h30/5h. DM/D 1.432m.

Comme je l’avais imaginé, la montée me portera en effet conseil. Pendant que nous nous avançons vers le Cheval Noir, nous pouvons admirer quatre randonneurs dessiner une belle trace en versant nord du Bellachat. Voilà donc notre course du lendemain toute trouvée. Elle semble superbe.

Le Bellachat ou Pointe du Mont du Fût

Ce sommet débute lui aussi par la vallée du Nant Brun et, passée La Saulce, par la route d’alpage de la Platière suivie hier. On la quitte vers 1.700/1.750m, pour descendre jusqu’au torrent de la Platière, franchi un peu plus haut. Suit un vaste replat à traverser SSO. Laissant sur la gauche un étroit couloir, on gagne ainsi le pied d’une croupe couverte d’arcosses (arbustes) que l’on surmonte au prix de nombreuses conversions. Elle se termine (2.150m) par une large arête, entrée de la combe des Povatages permettant d’accéder (ouest) au col (2.500m) dominant la combe de Plan Contaz. De ce col, il faut s’élever SO par une pente devenue plus raide jusqu’au pied du petit couloir étroit situé le plus à droite et le plus près de l’arête nord du Bellachat. Ce couloir, très raide sur une vingtaine de mètres, se franchit à pied et peut même demander l’usage des crampons si la neige est dure. Au-dessus, le sommet, où se dresse une grande croix métallique, s’atteint par des pentes sans difficulté.

La descente emprunte en général l’itinéraire de montée, ou bien, après la première pente commune, en se tenant un peu plus à droite (NE) et en franchissant la barre rocheuse soutenant les pentes terminales grâce à un couloir raide et étroit, différent de celui de montée, mais sans danger. Une pente magnifique ramène dans la combe des Povatages. Plus bas, on évite par un couloir à gauche la croupe des arcosses.

Si l’on désire faire la traversée du Bellachat, il convient de descendre en versant SE par la Grande Combe du Fût, jusqu’au chalet du même nom. De ce point, on regagne La Saulce en suivant la rive gauche du Nant Brun. Au printemps, cette combe exposée au soleil dégèle vite et, si l’on choisit cet itinéraire de descente, il est conseillé de partir très tôt afin d’éviter une neige lourde et dangereuse.

Il peut être intéressant de quitter la Grande Combe du Fût vers 2.250m et de traverser à gauche jusqu’à la Golette du Plane (2.129m). De là, une descente ENE dans de belles pentes conduit plus directement à La Saulce.

Du chalet des Monts (ruines sur la carte, 2.228m), on peut aussi remonter (NO) au col 2.359 – 131m de déniv. – et terminer la descente en rejoignant la combe des Povatages. D’autres possibilités de descente existent encore, notamment en traversant le col 2.500m, fin de la combe des Povatages. On gagne la combe de Plan Contaz, Plan Contaz, puis, en descente NE, un replat (2.020m) d’où un couloir à droite, dominé par une paroi rocheuse, ramène au fond du vallon de la Platière. Une descente directe de la combe de Plan Contaz conduit aussi, par une pente raide, au fond du vallon de la Platière. De Plan Contaz, possibilité enfin de traverser jusqu’au chalet de la Platière (1.953m) et de rejoindre la route d’alpage empruntée pour le Cheval Noir. Les descentes du Bellachat sont donc très variées.

H.5h/5h30 (itinéraire versant nord). DM/D 1.824m.

Le Merbelay ou la Roche Noire (2.636m)

Quand on remonte la Platière, le regard s’arrête immanquablement sur les sommets qui barrent à l’ouest le fond de cette vallée. Se dressent du nord au sud : le Merbelay ou la Roche Noire, la Pointe de la Grande Combe (2.678m) et la Pointe de Plan Contaz (2.638m), jouxtant le Bellachat. Ces sommets aux pentes alléchantes ne pouvaient que nous tenter ! Aussi quelques jours plus tard, après une courte pose près du chalet de la Platière pour débarrasser nos peaux d’une poudreuse accrocheuse, rendue collante par un soleil ardent, nous gravissons sans difficulté le Merbelay par son versant SE. Vers 2.600m une fine arête conduit à ski au sommet.

Descente par l’itinéraire de montée ou par le versant sud jusqu’au Plan d’Aigue (torrent, 2.360m), puis en direction du chalet de la Platière. Pente raide à 2.250m sur une centaine de mètres. Cet itinéraire de descente est plus varié que le précédent.

H.4h/4h30. DM/D 1.236m.

 La Pointe de la Grande Combe (2.678m)

Puis c’est au tour des Pointes de la Grande Combe et de Plan Contaz (2.638m) d’attirer nos spatules. Ces sommets nous narguent et nous tenons à les ajouter à notre palmarès ! La nuit n’a pas été froide et bien que nous soyons partis très tôt, nous savons que le dégel nous rattrapera inexorablement. Du chalet de la Platière, une longue traversée ascendante nous conduit, après une courte pente raide déjà pourrie, un peu au-dessus de Plan Contaz. Plus question de faire la pointe du même nom, nous nous contenterons de celle de la Grande Combe. Montant au NE, nous nous rapprochons de l’arête ESE descendue du sommet, avant de traverser, vers 2.380m, de fortes pentes conduisant au vaste cirque dominant la Grande Combe de la Platière. De là, en montant à nouveau NE, nous rejoignons l’arête ESE (2.580m) qui se suit à ski jusqu’au sommet. Si la partie supérieure de la descente est correcte, la suite est loin d’être un régal, car pour bénéficier d’une bonne neige du haut en bas, il aurait fallu quitter ce jour-là le sommet à 8 heures au plus tard.

D’autres descentes sont tout à fait possibles en empruntant le versant NE de la Pointe de la Grande Combe :

Soit, à quelques mètres sous le sommet, en descendant NNE jusqu’au pied de l’éperon est de la Pointe d’Aigue (2.360m). On rejoint là l’itinéraire sud du Merbelay décrit plus haut.

Soit, en descendant en versant sud et en regagnant l’arête ESE au point 2.580. De là, en se tenant à gauche de l’arête, continuer par les pentes est jusque vers 2.200m, revenir un peu à droite sous l’arête ESE et terminer la descente vers le fond du vallon de la Platière par le replat 2.020m et le couloir qui lui fait suite, déjà cités lors d’une des descentes consacrées au Bellachat.

H.5/5h30. DM/D 1.278m.

Traversée Grand Coin-Bellachat-Cheval Noir

En gravissant tous ces sommets, je me suis vite aperçu qu’il y a moyen de les traverser du Bellachat au Cheval Noir. Puis, en regardant attentivement la carte, il me paraît tout à fait possible de faire mieux encore, c'est-à-dire au départ du col du Chaussy (1.530m), au-dessus de Montpascal en Maurienne, de traverser la chaîne du sud au nord, en suivant les crêtes jusqu’au Cheval Noir, avec en apothéose, la descente sur Longchamp 1650. Cette traversée permettrait le passage au Crêt Lognan (2.696m), au Grand Coin, au Col de Valbuche (2.401m), à la Pointe de Valbuche (2.629m), au Mollard des Bœufs (2.761m), au Bellachat, aux Pointes de Plan Contaz et de la Grande Combe, au Merbelay, au Cheval Noir et au col du Cheval Noir (2.527m). L’idée est née. Suivant les conditions que nous risquons de trouver, il faut prévoir deux ou trois jours de beau temps pour réussir. J’ai tout d’abord téléphoné à la mairie de Saint-Jean-de-Belleville pour demander s’il était envisageable, en payant, d’obtenir les clés des chalets d’alpage de Valbuche et de la Platière. Il me fut répondu fort aimablement que seul le maire pouvait en décider car ces chalets sont loués pour plusieurs années à des bergers qui y laissent leurs affaires personnelles. On ajouta que je devais écrire au maire et on me conseilla la prudence dans la vallée du Nant Brun très exposées aux avalanches. J’ai donc écrit au maire, mais il n’y eut pas de réponse, bien que je me sois présenté comme guide et ancien moniteur de ski. Tant pis ! Ce ne sont pas deux clés, ni des sacs pesants qui feront échouer un si beau projet ! Nous camperons donc sur les crêtes.

Il y a peu d’amateurs pour le camping sur neige et, malgré l’intérêt de la course, seul mon ami Jacques veut bien m’accompagner.

A Longchamp 1650, nous laissons une de nos deux voitures. En cette fin avril, la neige arrive encore au cœur de la station maintenant fermée. Puis, après être redescendus dans la vallée, nous rejoignons le col du Chaussy, au-dessus de Montpascal, installant notre tente sur le parking du col aux premières gouttes de pluie. L’orage gronde de tous côtés, déjà d’une extrême violence sur les Bauges. La météo s’annonce pourtant favorable pour le lendemain. Consciente que nous devons nous reposer, la pluie cesse de nous déranger vers deux heures du matin. A quatre heures, une étoile, une seule, encourage notre lever. Elle ne tarde d’ailleurs pas à disparaître et c’est dans le brouillard que nous prenons le chemin d’été de l’Alpettaz. La neige nous attendait vers 1.780m, chargée de pluie. Au Plan du Sapey, nous émergeons des nuages et le jour nous récompense d’un lever de soleil aux couleurs tendres sur les aiguilles d’Arves et l’Oisans. Sur notre gauche, austère, en contre jour, surmontée du chapeau ensoleillé du Bellachat, se dresse, au-dessus de la vallée de Bonvillard, la longue crête qui va être notre fil conducteur. La pente que nous remontons, plein est, n’a toujours pas été touchée par le gel dont les prémices ne commencent qu’au-dessus du passage clé de l’arête, là où la neige se mêle au rocher. Parvenus à l’arête faîtière du Grand Coin, nous comprenons vite que nous devons abandonner ce sommet, nous contenter de celui du Crêt Lognan et, en nous tenant autant que possible sur la crête de son arête nord, rejoindre sans perdre de temps le col de Valbuche, tant la neige est instable en versants exposés au levant. Surprise ! Si la neige part immédiatement en coulées dès que nous mettons un ski à l’est, sur l’arête, et surtout sur son flanc ouest, elle est encore glacée et, en quelques minutes, nous nous trouvons au vaste col de Valbuche en train de remettre nos peaux que nous conserverons sans déchausser jusqu’au sommet du Bellachat. Du col, des pentes sans difficulté et régulières conduisent à la Pointe de Valbuche. Tiens, des guides locaux, un chamois et un blanchot, nous ont devancés ! Leurs traces l’attestent depuis Crêt Lognan. L’arête s’amenuise. Un passage caché, mais aisé sur son flanc gauche, nous permet de redescendre et de retrouver l’arête qui s’élève vers la tête ouest du Mollard des Bœufs. Suivant les conditions, un peu avant le sommet, on peut soit descendre d’une trentaine de mètres dans les pentes raides et assez exposées de son versant ouest, puis traverser pour rejoindre une sorte de selle ; soit passer par le sommet et redescendre sur la selle en se tenant un peu à gauche du fil de l’arête. Les conditions étant bonnes, nous avons choisi la première solution, cependant la seconde semble la meilleure car elle ne comporte aucun risque. De la tête ouest du Mollard du Bœuf, on peut se rendre sans peine à ski au sommet principal.

A partir de la selle, c’est aisément qu’on atteint la cime du Bellachat où nous étions à 12h15.

Quand au Crêt Lognan, nous avions vu les conditions que nous pensions devoir affronter, nous n’avions jamais pensé aller aussi loin aujourdhui et rencontrer une neige aussi stable en versant nord en milieu de journée.

A la descente, une traversée prudente nous dépose en haut du petit couloir décrit plus haut. Vu son état, il est descendu en escalier-dérapage et, à 13h30, quelques virages terminent nos efforts au col (2.500m) entre les combes des Povatages et de Plan Contaz. Il ne nous reste plus qu’à installer la tente de bivouac que je viens d’acheter, très légère bien sûr (800g), mais difficile à monter avec ses arceaux type baleines de parapluie. Nous nous demandons comment nous l’aurions montée si nous nous étions trouvés en pleine tempête ! Horaire de cette première journée : 8h30. DM 1.630m env./DD 552m.

Dans la soirée, quelques chamois passent non loin de la tente. Nous ne faisons que les entendre car les cumulus ont envahi cols et sommets et nous sommes déjà dans nos duvets, certains de terminer notre traversée le jour suivant, si nous ne rencontrons pas de difficultés imprévues.

Le lendemain, en fait de lever à cinq heures, je me réveille en sursaut deux heures plus tard. Quant à Jacques, qui ne dort jamais, pour une fois il est resté endormi. Plus un nuage ; une neige correctement gelée bien que la nuit n’ait pas été glaciale. Mont Blanc et Vanoise semblent avoir attendu notre réveil pour choisir leurs parures matinales. Quelle chance de n’avoir pas obtenu les clés des chalets d’alpage ! En fait de lever du jour, nous n’aurions eu que la faible lumière d’une bougie tentant d’éclairer une table sans intérêt.

L’étape d’aujourd’hui, bien qu’entraînant quelques manœuvres de peaux, devrait être plus courte que celle d’hier. Elle débute par une traversée légèrement descendante au milieu de boules d’avalanches bien gelées. Dans la combe de Plan Contaz, laissant nos sacs (2.430m), c’est à pied, les skis sur l’épaule, que nous montons rapidement à la pointe du même nom, d’où nous nous régalons d’une vue unique sur le versant nord du Bellachat et sur la plus grande partie de notre étape d’hier. Du sommet, nous nous rendons compte que nous aurions pu continuer par l’arête NO, puis traverser à flanc en versant est avant de descendre jusqu’au replat (2.500m) précédant les pentes terminales de la Grande Combe. Le début de l’arête n’est pas très facile et requiert des conditions de neige excellentes car certains passages sont exposés. Corde vraisemblablement utile.

Quant à nous, nous nous régalons d’une neige transformée jusqu’à nos sacs, descente que nous poursuivons jusqu’au pied de l’éperon est (2.370m) de ce premier sommet. En traversant vers la petite combe qui borde au nord cet éperon, je bute dans une boule d’avalanche encore gelée et tombe entraîné par le poids de mon sac. Résultat : une côte cassée. Abandonner et redescendre sur le Villard ne m’effleure même pas car j’ai trop envie de terminer cette traversée. Il faut gravir maintenant la Pointe de la Grande Combe. A cette altitude, la neige orientée au soleil enfonce déjà et c’est par une courte pente herbeuse, d’où nous repoussons dans leur trou les marmottes qui viennent de sortir, que nous débouchons sur la crête morainique (2.450m env.) qui nous fait face. Une traversée légèrement descendante nous conduit vers 2.360m, au pied de quelques barres rocheuses où nous remettons les peaux. De là, tout en nous dirigeant vers le nord, nous gagnons le replat dominant la Grande Combe de la Platière, puis en traversée ascendante, la selle (2.650m) de l’arête ESE de la Pointe de la Grande Combe. On peut y abandonner les sacs ou les monter au sommet suivant l’itinéraire de descente choisi, décrit précédemment, pour atteindre la base (2.370m) de l’éperon oriental de la Pointe d’Aigue. La montée au Merbelay par son versant sud commence par une courte pende raide, suivie d’une combe. Sortie entre les deux pointes du sommet. Descente en versant est, et vers 2.450m, traverser vers la gauche pour prendre un couloir d’une cinquantaine de mètres bien skiable, suivi de quelques pentes douces. On se trouve près du petit lac de la Chambrette de la Platière (2.290m). De là, pour gagner le col du Cheval Noir, deux solutions :

Soit traverser vers le NE et rejoindre l’itinéraire d’été du col.

Soit passer par la combe de la Chambrette de la Platière. On traverse ensuite le point 2.567 dont l’arête NNE conduit au col après 50 mètres de descente.

Du col, sans sac, si la forme est toujours bonne et s’il n’y a pas de retard dans l’horaire, il est facile d’ajouter le Cheval Noir aux sommets déjà gravis. Ma chute du matin nous en privera. 

En cas de brouillard, trouver le début de la descente du col sur Longchamp 1650 peut poser quelques problèmes. Au col, apparaissent heureusement, en général, de vieilles traces de ski qui remettent les skieurs égarés dans le bon chemin. Il faut en effet savoir que si la montée au Cheval Noir est plus sauvage par la vallée du Nant Brun, cette course se fait d’ordinaire au départ de Longchamp en empruntant lorsque c’est possible les remontées mécaniques de la station. Au départ du col, en direction NNO, on longe à droite quelques petites barres rocheuses. La pente est tout d’abord faible. A gauche, en contrebas du col, se trouve un grand cairn. On rejoint bientôt le haut d’une forte pente que l’on descend toujours en direction NNO. Vers 2.350m, la pente s’atténue quelque peu et l’on contourne largement par la droite le Roc Blanc (2.244m) avant de revenir à gauche vers les pistes desservies par le téleski du Lac Bleu. A 14 heures, malgré la difficulté que j’ai eu à skier, nous arrivons à la station. Horaire : 7 heures. DM 1.011m./DD 1.681m. 

Si cette traversée d’arêtes est superbe et simplement AD ou AD+, il convient de ne l’entreprendre que par bonnes conditions de neige car elle oblige à descendre ou à traverser des pentes qui peuvent être très avalancheuses. Par neige dure, certains passages seront certainement plus faciles en crampons qu’à ski. Donc, emporter piolet et crampons.

La traversée peut également s’effectuer dans le sens nord/sud, mais elle demandera des conditions plus froides du fait des descentes en versants sud.

Combinaisons : Elles sont nombreuses. On peut combiner Bellachat avec la Pointe de Plan Contaz, Plan Contaz avec la Pointe de la Grande Combe et cette dernière avec le Merbelay.

Carte IGN:

3433 ET TOP 25. Saint-Jean-de-Maurienne, Saint-François-Longchamp, Valmorel.

Bibliographie :

SKI DE RANDONNEE SAVOIE. Emmanuel Cabau. Editions Olizane SA, 1996, Genève.

Accès :

Vallée du Nant Brun, au départ de Moûtiers, emprunter la D915a jusqu’à Saint-Jean de-Belleville Pour la rive gauche, prendre dans le village, la petite route du Villard. 

Pour la rive droite, dépasser Saint-Jean-de-Belleville. Quitter la D915a à la première route à droite qui est celle de La Flachère. 

Saint-François-Longchamp 1650 : Sortie de l’autoroute à La Chambre, puis route D213.

Montpascal, col du Chaussy : Même sortie d’autoroute, puis D77b jusqu’à Montvernier, avec son spectaculaire entassement d’épingles à cheveux au départ, et D77. Le col (petite station de ski de fond) se trouve un peu au-dessus du village.

Pour se rendre de Longchamp 1650 au col du Chaussy, il existe une route forestière entre Montaimont (La Planche) et le col du Chaussy. A partir de la D213, prendre à gauche en descendant, la D98, puis cette route forestière qui n’est ouverte malheureusement qu’à la fonte des neiges, fin avril. Se renseigner aux mairies de Montaimont (ou à l’auberge du Grand Coin) ou de Montpascal.

Mairies :

Saint-Jean-de-Belleville : Tél. 04.79.24.02.11

Montaimont : Tél. 04.79.56 35 45 

Au retour de la traversée, à La Planche, au-dessus de Montaimont, une bonne adresse, où il est possible de manger une omelette à 3 heures de l’après-midi, avec du pain cuit par le patron : l’auberge du Grand Coin (Tél./Fax : 04.79.56.34.64).

Montpascal (Pontamafrey) : Tél. 04.79.83.40.03/04.79.64.20.33